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Sécheresse Oculaire : Tout Savoir sur les Causes, Symptômes et Traitements Efficaces

La sécheresse oculaire, également appelée syndrome de l’œil sec, est un trouble fréquent qui affecte la qualité des larmes et leur capacité à protéger et hydrater l’œil. Ce syndrome touche des millions de personnes dans le monde, impactant fortement la qualité de vie des patients qui en souffrent. Il se manifeste par une production insuffisante de larmes ou une évaporation excessive, entraînant un inconfort oculaire significatif et parfois même des complications visuelles.

Points Clés à Retenir sur la Sécheresse oculaire

  • La sécheresse oculaire survient quand les larmes sont insuffisantes ou s’évaporent trop vite.
  • Les causes incluent l’âge, les lentilles de contact, l’usage d’écrans ou des maladies auto-immunes.
  • On distingue la sécheresse aqueuse (manque de larmes) et évaporative (larmes qui s’évaporent rapidement).
  • Les solutions : larmes artificielles, soins des paupières, ou Lipiflow® pour débloquer les glandes.

Le rôle des larmes dans la protection de l’œil

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Les larmes ne se contentent pas simplement de mouiller la surface oculaire, elles jouent un rôle crucial dans la protection des yeux contre les infections, les corps étrangers et les irritations.

Elles sont composées de trois couches principales qui agissent ensemble pour maintenir la santé oculaire :

  1. La couche lipidique (graisseuse) : produite par les glandes de Meibomius, cette couche prévient l’évaporation des larmes et lubrifie la surface oculaire.

  2. La couche aqueuse : sécrétée par les glandes lacrymales, elle hydrate et nourrit l’œil tout en éliminant les débris.

  3. La couche mucinique : produite par les cellules de la conjonctive, elle permet une bonne adhésion des larmes à la surface cornéenne.

Un déséquilibre dans une ou plusieurs de ces couches peut provoquer une instabilité du film lacrymal, conduisant à une sécheresse oculaire.

Types de sécheresse oculaire

La sécheresse oculaire peut se manifester de différentes façons, en fonction des mécanismes en cause dans la production et l’entretien du film lacrymal.

Il existe principalement deux types de sécheresse oculaire : la sécheresse aqueuse et la sécheresse évaporative.

Sécheresse Aqueuse

La sécheresse aqueuse survient lorsque les glandes lacrymales ne produisent pas suffisamment de larmes pour maintenir l’hydratation de la surface oculaire. La couche aqueuse des larmes, qui représente environ 90 % de leur volume, est essentielle pour nourrir la cornée, protéger l’œil contre les infections et éliminer les débris présents à la surface de l’œil.

Dans ce type de sécheresse, les patients souffrent d’une insuffisance de production de larmes, souvent associée à des causes spécifiques :

Vieillissement oculaire : Avec l’âge, les glandes lacrymales produisent naturellement moins de larmes, augmentant le risque de sécheresse.

Maladies auto-immunes : Des troubles comme le syndrome de Gougerot-Sjögren ou le lupus érythémateux affectent la sécrétion lacrymale, provoquant une diminution notable de la production de larmes.

Carence en vitamine A : Cette vitamine est essentielle pour le bon fonctionnement des glandes lacrymales, et son déficit peut entraîner une sécheresse importante.

Interventions chirurgicales : Certaines opérations des yeux, comme la chirurgie réfractive (LASIK), peuvent temporairement perturber la production normale des larmes.

Sécheresse Évaporative

La sécheresse évaporative est la forme la plus courante de sécheresse oculaire, représentant environ 50 % des cas. Elle survient lorsque la couche lipidique des larmes, responsable de limiter l’évaporation des larmes, est de mauvaise qualité ou produite en quantité insuffisante.

Cette couche lipidique est sécrétée par les glandes de Meibomius, situées dans les paupières, et agit comme une barrière qui empêche les larmes de s’évaporer trop rapidement.

Lorsque ces glandes sont obstruées ou dysfonctionnelles, la sécheresse évaporative s’installe.

Les causes courantes de ce type de sécheresse incluent :

  • Dysfonctionnement des glandes de Meibomius : Ces glandes produisent des lipides, essentiels pour stabiliser le film lacrymal. Leur obstruction peut être causée par des facteurs comme l’usage de lentilles de contact prolongé, la pollution, ou encore des maladies comme la rosacée.
  • Clignement palpébral insuffisant : Lorsque les paupières ne se ferment pas complètement, par exemple lors de l’utilisation d’écrans pendant de longues périodes, le film lacrymal n’est pas correctement réparti, et les larmes s’évaporent plus rapidement.
  • Facteurs environnementaux : L’exposition à l’air sec, à la climatisation, ou à des vents forts contribue également à l’évaporation excessive des larmes.
  • Utilisation de certains médicaments : Les antihistaminiques, antidépresseurs et autres traitements peuvent perturber la composition des larmes et favoriser l’évaporation.

Sécheresse Mixte : Un trouble combiné

Dans certains cas, les patients peuvent souffrir d’une sécheresse mixte, combinant à la fois une insuffisance de production de larmes et une évaporation excessive

Ce type de sécheresse est souvent plus complexe à diagnostiquer et à traiter, car plusieurs mécanismes sont en jeu. Un examen ophtalmologique complet est nécessaire pour déterminer quelle partie du film lacrymal est affectée et comment.

Symptômes courants de la sécheresse oculaire

Symptomes sécheresse des yeux

La sécheresse oculaire, qu’elle soit aqueuse ou évaporative, entraîne un ensemble de symptômes inconfortables, souvent aggravés par des facteurs environnementaux ou médicaux.

Les symptômes varient d’un patient à l’autre en fonction de la gravité de la maladie, mais ils peuvent tous avoir un impact négatif sur la qualité de vie.

Sensation de brûlure ou de picotement

L’un des symptômes les plus fréquents de la sécheresse oculaire est la sensation de brûlure dans les yeux. Ce symptôme est souvent accentué dans des environnements secs ou climatisés.

Fatigue oculaire

La fatigue des yeux est un autre signe courant. Elle peut survenir après des périodes prolongées de travail sur écran ou de lecture. Les patients rapportent une sensation d’inconfort et de tension au niveau des yeux, nécessitant des pauses fréquentes.

Vision floue

La vision floue est fréquemment signalée par les patients atteints de sécheresse oculaire. Ce trouble visuel peut être temporaire et s’améliorer après des clignements fréquents ou l’utilisation de larmes artificielles. Cependant, dans les cas plus graves, cette baisse de l’acuité visuelle peut devenir plus persistante, rendant difficile la réalisation de tâches nécessitant une vue nette.

Larmoiement paradoxal

Ironiquement, certaines personnes atteintes de sécheresse oculaire peuvent ressentir un larmoiement excessif. Cette réaction est souvent appelée larmoiement paradoxal, où l’œil produit trop de larmes en réponse à la sécheresse oculaire. Cependant celles-ci, ne sont pas assez riches en lipides pour rester sur la surface oculaire, provoquant ainsi une évaporation excessive.

Sensation de corps étranger

Les patients décrivent souvent la sensation d’avoir des grains de sable ou un corps étranger dans les yeux. Cela est dû à l’insuffisance ou à la mauvaise qualité des larmes, qui ne parviennent pas à maintenir la surface cornéenne correctement lubrifiée.

Rougeurs oculaires

La sécheresse oculaire peut également provoquer des rougeurs. Lorsque les yeux sont secs et irrités, les vaisseaux sanguins de la conjonctive (la couche transparente qui recouvre l’œil) deviennent plus visibles, entraînant une apparence rougeâtre des yeux.

Démangeaisons

Les démangeaisons oculaires sont un autre symptôme courant. Elles peuvent souvent être confondues avec des allergies oculaires, bien que dans le cadre de la sécheresse oculaire, elles soient causées par une irritation due à la mauvaise qualité des larmes.

Photophobie (sensibilité à la lumière)

Dans certains cas, les patients peuvent également souffrir de photophobie, c’est-à-dire une sensibilité accrue à la lumière. La sécheresse oculaire peut rendre les yeux plus sensibles aux sources lumineuses, comme la lumière naturelle ou artificielle, provoquant un inconfort supplémentaire lors de l’exposition prolongée.

Personnes à risque

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La sécheresse oculaire est une affection qui touche un large éventail de personnes, mais certains groupes sont plus susceptibles d’en souffrir en raison de facteurs liés à l’âge, aux habitudes de vie ou à des conditions médicales sous-jacentes.

Les personnes âgées

Avec l’âge, la production lacrymale diminue naturellement, ce qui rend les personnes âgées plus vulnérables à la sécheresse oculaire. Cela explique pourquoi la sécheresse oculaire est particulièrement fréquente chez les personnes de plus de 50 ans.

Femmes ménopausées

Les niveaux d’œstrogènes et de progestérone jouent un rôle dans la régulation de la sécrétion lacrymale, et une diminution de ces hormones peut entraîner une insuffisance de production de larmes.

Utilisateurs fréquents d’écrans

Les personnes qui passent beaucoup de temps devant un écran d’ordinateur, un smartphone ou une tablette, courent un risque accru de sécheresse oculaire. Le clignement des yeux est réduit pendant l’utilisation prolongée d’écrans, ce qui empêche une répartition uniforme des larmes sur la surface cornéenne.

Les lentilles de contact

Le port prolongé de lentilles de contact peut interférer avec le film lacrymal, provoquant une gêne et des symptômes de sécheresse oculaire.

Patients atteints de maladies auto-immunes

Les personnes souffrant de maladies auto-immunes telles que le lupus érythémateux, la polyarthrite rhumatoïde ou le syndrome de Gougerot-Sjögren sont à haut risque de développer une sécheresse oculaire. Ces pathologies attaquent les glandes productrices de larmes, réduisant la production lacrymale et entraînant une insuffisance de production.

Personnes prenant certains médicaments

De nombreux médicaments peuvent avoir des effets secondaires sur la production de larmes. Les classes de médicaments suivantes sont souvent associées à la sécheresse oculaire :

  • Antihistaminiques (utilisés contre les allergies)
  • Antidépresseurs
  • Diurétiques (utilisés pour l’hypertension)
  • Bêta-bloquants (pour les troubles cardiovasculaires)

Personnes vivant dans des environnements secs ou climatisés

Les personnes vivant dans des environnements très secs, exposées à la climatisation ou au chauffage, sont également plus sujettes à la sécheresse oculaire.

Diagnostic et outils modernes

Test de Schirmer oeil sec
Test de Schirmer

Grâce aux avancées technologiques, il est désormais possible d’évaluer précisément les mécanismes impliqués, que ce soit une insuffisance de production de larmes ou une évaporation excessive.

Le diagnostic complet repose sur un ensemble de tests qui analysent la quantité, la qualité et la composition des larmes, ainsi que l’état de la surface oculaire.

Examen clinique initial

Le diagnostic commence par un examen clinique réalisé par un ophtalmologue. Celui-ci interroge le patient sur ses symptômes, leur intensité et les situations dans lesquelles ils s’aggravent (exposition à la climatisation, utilisation prolongée d’écrans, etc.).

Test de Schirmer

Le test de Schirmer est l’un des tests les plus utilisés pour évaluer la production de larmes. Ce test simple et rapide consiste à insérer une bandelette de papier filtre sous la paupière inférieure pour mesurer la quantité de larmes produites sur une durée de 5 minutes. 

Ce test permet de détecter une insuffisance de production de la couche aqueuse des larmes, caractéristique de la sécheresse aqueuse.

Test au colorant (fluorescéine ou rose Bengale)

Pour évaluer l’état de la surface cornéenne et la qualité des larmes, des colorants spéciaux comme la fluorescéine ou le rose Bengale peuvent être appliqués sur l’œil. 

Ces colorants permettent de visualiser les zones de sécheresse et les lésions de la cornée ou de la conjonctive sous une lumière spéciale.

Méthode BUT (Break-Up Time)

La méthode BUT mesure le temps que met le film lacrymal à se rompre après un clignement. Ce test est particulièrement utile pour évaluer la stabilité du film lacrymal et diagnostiquer la sécheresse évaporative

Un film lacrymal qui se brise rapidement (généralement moins de 10 secondes) indique une mauvaise qualité des larmes, souvent liée à un dysfonctionnement des glandes de Meibomius ou à une insuffisance de la couche lipidique.

Lipiview® et Lipiscan® : Diagnostic avancé des glandes de Meibomius

Les technologies modernes comme Lipiview® et Lipiscan® sont utilisées pour évaluer la couche lipidique des larmes et analyser le fonctionnement des glandes de Meibomius

Ces outils d’imagerie permettent de visualiser les glandes et de mesurer l’épaisseur de la couche lipidique. Une couche lipidique trop fine (moins de 100 nm) est souvent associée à une sécheresse évaporative.

Test d’osmolarité des larmes (TearLab®)

Le test d’osmolarité des larmes, réalisé à l’aide du dispositif TearLab®, mesure la concentration en solutés des larmes. Une osmolarité élevée des larmes reflète une mauvaise qualité lacrymale et un déséquilibre du film lacrymal, caractéristique de la sécheresse oculaire

Ce test est rapide, indolore et fournit des résultats précis en quelques minutes, permettant d’affiner le diagnostic.

Imagerie de la surface oculaire

Dans certains cas, l’ophtalmologue peut recommander une imagerie de la surface oculaire à l’aide de technologies telles que l’interférométrie. Cet examen permet de visualiser les couches du film lacrymal et d’analyser la dynamique du clignement des yeux

Il permet également de mesurer l’épaisseur de la couche lipidique et d’évaluer l’étalement des larmes sur la surface cornéenne. Une imagerie détaillée aide à détecter les anomalies invisibles à l’œil nu.

Traitements et solutions pour la sécheresse oculaire

traitement secheresse yeux

La sécheresse oculaire se traite par plusieurs méthodes, selon la gravité des symptômes :

1. Larmes artificielles : Utilisées pour hydrater les yeux, avec des options sans conservateurs pour un usage fréquent et des gels pour la nuit.

2. Hygiène des paupières : Compresses chaudes et massages des paupières aident à déboucher les glandes de Meibomius et améliorer la qualité des larmes.

3. Lipiflow® : Technologie combinant chaleur et pression pour traiter la sécheresse évaporative en débouchant les glandes responsables de la production de lipides.

4. Collyres anti-inflammatoires : Utilisés pour réduire l’inflammation, notamment avec des corticostéroïdes ou de la ciclosporine, lorsque la sécheresse est associée à une maladie auto-immune.

5. Bouchons lacrymaux : Petits dispositifs insérés dans les canaux lacrymaux pour retenir les larmes plus longtemps sur la surface de l’œil.

6. Larmes autologues : Dans les cas sévères, des gouttes personnalisées à base de plasma sanguin du patient peuvent être utilisées pour régénérer la surface oculaire.

Conclusion

La sécheresse oculaire peut être gênante, mais des traitements adaptés existent pour chaque niveau de gravité, allant des larmes artificielles aux technologies avancées comme Lipiflow®. 

En combinant hygiène des paupières, soins médicaux et solutions personnalisées, il est possible de retrouver un confort oculaire durable. Un diagnostic précoce et un traitement adapté sont essentiels pour éviter des complications et préserver la santé oculaire à long terme.

Image de Dr Youssef El bichara

Dr Youssef El bichara

Spécialités : Chirurgie de la cataracte, Chirurgie réfractive laser

Mise à jour le 24/09/2024

FAQ

Oui, surtout les versions sans conservateurs, qui hydratent les yeux sans risque d’irritation.


Oui, il réduit la production de larmes et aggrave la fatigue oculaire, augmentant le risque de sécheresse.


Oui, cela peut entraîner des infections, des lésions cornéennes, voire une perte de vision.


Vieillissement, glandes de Meibomius dysfonctionnelles, lentilles de contact, et facteurs environnementaux comme la pollution.


Larmes artificielles, compresses chaudes, Lipiflow®, collyres anti-inflammatoires, et bouchons lacrymaux.


Après une chirurgie de ptérygion, les patients peuvent s’attendre à une période de récupération pendant laquelle des collyres anti-inflammatoires et antibiotiques sont utilisés pour prévenir l’infection et réduire l’inflammation. Une protection solaire continue est également recommandée pour éviter la récidive.

Oui, le vieillissement réduit la production de larmes et augmente l’évaporation des larmes.

Oui, elles peuvent limiter l’hydratation des yeux. Utilisez des lentilles adaptées ou alternez avec des lunettes.